Chère Christel,
Quand tu as appris que je pourrais vivre deux mois sans profiter de tes exercices, tu m'as conseillé une démarche qui permettrait de maintenir ma forme. Tu m'as bien fait rire, surtout parce que j'ai immédiatement pensé à ce sketch des Monty Python, the Ministry of Silly Walks (le Ministère des démarches ridicules).
Inutile de te que je n'ai pas du tout essayé ce que tu proposais. Le ridicule a ses limites.
Beale Street c'est la rue qui attire les touristes à Memphis. Avant, c'était la rue centrale du quartier afro-américain. Côté ouest, on y trouvait principalement des commerçants qui marchandaient avec les navires arrivant par le Mississippi. Durant des années, un certain nombre de musiciens afro-américains vagabonds, de jazz surtout, ont débuté en se produisant ici. Il y avait des restaurants, des bars et des commerces. Durant les années 1960, Beale Street a vu beaucoup de ses commerces fermer, le blues n'avait plus la cote. En 1966, une section de la rue a été déclarée site historique majeur et officiellement reconnue comme Berceau du Blues par une loi votée au Congrès. Il a fallu attendre les années 1980 pour une revitalisation économique. Et c'est reparti pour les cafés, restaurants, clubs, bars et festivals. C'est la principale attraction de la ville, certains considèrent que c'est une sorte de carnaval qui n'a plus rien à voir avec l'authenticité d’antan.
Pourtant le vendredi soir, il n'y a pas que des touristes. Les belles du coin se pomponnent pour venir faire la fête. Attention, on n'est plus en au 19e siècle en Louisiane, pas de rubans, pas de froufrou. Ici c'est Memphis Tennessee, maintenant, en 2015... Quand je dis les belles, je le pense vraiment. Je ne sais pas si trois bonnes semaines dans ce pays ont déjà changé mon regard, toujours est-il que je les trouve belles dans leurs tenues moulantes. Et je peux te dire qu'en bandes, elles ne passent pas inaperçues.
A Beale Street, le blues est dans les bars. Chacun doit montrer sa carte d'identité pour prouver qu'on a l'âge de boire. Si, si, chacun c'est tout le monde, moi aussi, je dégaine mon passeport en souriant...
Dans la rue, on boit, on mange, on rencontre des potes. Et puis on danse. Tous ensemble. On frétille du popotin, faut voir comment. Il y a une personne qui commence, et peu à peu les spectateurs s'y mettent. C'est joyeux, festif, communicatif. Je m'y mets aussi, pas toujours sûre de ma droite et ma gauche, comme d'hab.
Alors plutôt que de vouloir me faire faire des démarches ridicules, ne pourrais-tu pas prévoir un échauffement qui nous aiderait à muscler, à faire rebondir, à agiter cette partie du corps qui est chez moi bien paresseuse. Des fois que je reviendrais ici...
A toi Christel, à toutes tes victimes consentantes du lundi matin, à Danièle, ce billet collectif est pour vous.
D.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire