mardi 12 mai 2015

Chez les Natchez


Cher Indien Natchez,

Je ne t'ai pas rencontré, tu n'existes pas. Plus, depuis 1729. D'abord affaibli, puis massacré. Disparu. Quelques rescapés ont trouvé refuge dans d'autres tribus en Oklahoma. De toi, il ne reste rien, même dans le musée qui t'est consacré. Notre guide du routard mentionnait quelques panneaux explicatifs dans un minuscule musée et d'une ridicule hutte en terre cuite. Nous ne sommes donc pas allées visiter le "Grand Village".
Les Natchez, Eugène Delacroix, 1835

Pourtant j'ai eu envie de t'envoyer un mot puisque nous avons séjourné 3 jours sur celles qui avaient été tes terres, dans la région de Natchez.

Il paraît que tu portais du vison en hiver, on n'est jamais trop élégant, et du cerf en été. Tu te soignais à coups de myrtilles contre la dysenterie et de magnolia pour tes fièvres, pas étonnant, ils sont nombreux dans la région.

Ce qui m'a surprise, par contre, c'est votre organisation. Votre société était divisée en 4 clans, puis répartie en tribus, avec le Grand Soleil en chef suprême. Il dirigeait son petit monde depuis son lit qui faisait face au temple principal. Je me demande si un chef couché ça motive de se battre pour lui. Quand le chef mourait, certainement pas d'épuisement, sa femme et ses serviteurs étaient étranglés et on faisait la fête pendant que sa maison brûlait. Je n'ai rien trouvé concernant ses enfants.

D'après ce que j'ai lu (mais l'info diverge selon les sources), tu étais un guerrier belliqueux qui n'a pas su choisir le bon camp. Entre Anglais et Français, c'est avec les premiers que tu t'es allié et ce sont les autres qui t'ont massacré.
Le Mississippi à Natchez est bien large
Il est traversé par un seul et unique pont qui relie
les états du Mississippi et de Louisiane
La ville qui porte ton nom ne te ressemble pas. Elle est paisible et ses habitants sont chaleureux et accueillants, comme Chaz. Peut-être se souviennent-ils encore du temps où leur ville était la plus riche des Etats-Unis, après New York, grâce au coton? Natchez s'enorgueillit d'être une ville du blues. Mais pas le lundi, ni le mardi, ni le mercredi. A peine un peu plus le jeudi et le vendredi. Heureusement, samedi nous avons assisté au concert d'un musicien local, Vasti Jackson, autour de Robert Johnson. Magnifique concert dans une ambiance étonnante : une salle dans laquelle on aurait mieux vu une remise de diplômes ou une pièce de théâtre, des spectateurs bien calés dans leur fauteuil de velours, une moyenne d'âge plus que respectable, un concert de 19 à 21 heures. Je sens que le blues me réserve quelques surprises.


On reconnaîtra Kind Hearted Woman et Dust My Broom

Avec mes meilleures salutations.
D


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