samedi 23 mai 2015

Tupelo


Chère Stephanie,

Je t'écris en français, malgré ta moue quand je t'ai dit que je tenais un blog dans cette langue. Effectivement, pourquoi ne pas tout faire en anglais, ce serait tellement plus simple? Pourtant, toi, tu sors de ta ville, tu voyages beaucoup et pas que dans ton coin du monde. Ton mari, c'est à Quito (Équateur) que tu l'as trouvé. Tu adores l'Italie, l'Europe... 
Vous êtes même allés dans ma capitale, Berne, que tu as trouvée magnifique, awesome. Et pourtant tu n'arrives pas à te mettre en tête que la Suisse n'est pas la Suède et que nous n'y parlons pas le hollandais.
Je t'écris parce que je me suis demandé comment on faisait pour vivre à Tupelo. Comprendre pour quoi on habite là et pas ailleurs est une question que je me pose souvent, parce qu'on me la pose aussi. Je ne veux pas dire que Tupelo est moche, non. Même pas. J'avais lu tout ton enthousiasme à présenter ta ville pour m'y attirer. Pas que moi, tous les lecteurs de ton annonce sur Airbnb, en fait. J'avais été titillée. Tu avais listé tout ce qu'il fallait voir, toutes les églises... Je n'ai vu que des églises, et encore, seulement de l'extérieur. C'est vrai qu'il y en a beaucoup et qu'elles sont drôlement grosses.

Celle-ci (episcopal all saints) est tentaculaire.
La photo ne lui rend pas justice.
Tu avais noté que votre rue était idéale pour aller visiter downtown à pied. Je l'ai fait, au péril de ma vie, deux fois, pas de passages pour piétons pour traverser Main Street mais au moins 4 pistes pour les voitures. Cette constatation a bien fait rire JC, ton mari : "Ils devaient tous se demander ce que tu faisais au milieu de la rue, comment réagir?" C'est vrai que des voitures, rien qu'à vous deux, vous en avez peut-être plus que j'en ai eues de ma vie... Alors si tous sont comme vous.

Une pharmacie qu'on appellerait drive-in en français
Et puis downtown, qu'entendais-tu par ce terme? Tu vois, pour moi, c'est là où on va faire ses courses, son marché, prendre son petit café... Ce qui figurait sur ton plan n'était pas cela du tout. Toutes ces choses, je les ai trouvées quand j'ai pris mon auto pour chercher une bouteille de vin qui accompagnerait le chili pour lequel tu m'avais invitée la veille de mon départ. Gloster Road et son shopping mall...

On fait sa campagne pour être élu(e) juge, shérif...
... membre du Congrès (instable)
A Tupelo, tu t'es fait une place, une vie qui correspond à l'American way of life, telle que je l'imaginais. Ton job de photographe de mariages te rapporte assez pour que toi et JC puissent acheter des maisons que vous retapez avec beaucoup de goût avant de les revendre. C'est du boulot, mais les gens de votre rue vous sont très reconnaissants : depuis que vous avez transformé des taudis en jolies maisonnettes colorées, les propriétés ont pris de la valeur, toute la rue est montée de plusieurs crans... Je me demande si avoir acheter cette ferme, dans laquelle vous ne vivrez pas, mais où vous avez planté 50 arbres à kakis c'est une si bonne idée. JC a l'air de trouver qu'attendre 5 ans, c'est drôlement long.

On y affiche aussi toute sa fierté de parents de potentiels génies.
J'ai pris chez vous une leçon d'entrepreneurship, je ne sais pas encore ce que je vais en faire, pour l'instant, elle m'accompagne. Chez moi, on est si prudents.

Avec toute ma considération.
D.

PS : Je crois que je devrais tout de même mentionner que Tupelo est la ville qui a vu naître Elvis. La fierté de la ville, c'est lui. Il y a maintenant un parc autour de la minuscule maison de ses parents, une cafétéria et un souvenir shop 10 fois plus grand que la maison. J'ai vu l'école (celle qui a été reconstruite), l'église, le hardware store où son père lui a acheté sa première guitare... J'ai fait mon boulot.

La fierté de la ville
La maison familiale
La voiture de son père
Là où son père a acheté sa première guitare
Je reparlerai d'Elvis, mieux, plus en détail quand je serai allée visiter Graceland. En attendant, un autre "grand" a célébré Tupelo.


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