samedi 23 mai 2015

Il faut commencer par Clarksdale


Cher Romain,

Quand tu es venu me coacher à propos de mon voyage, tu m'as dit que tu ne savais pas grand chose du blues, que tu devrais t'y mettre. Je me demande dans le fond si tu as dit pas grand chose ou pas assez. Enfin, c'est égal, on n'en sait jamais assez.
Maintenant que je baigne dedans, il y a une chose que je sais : le voyage du blues doit commencer par Clarksdale. Pas parce que la ville a été fondée par un certain John Clark ou qu'elle est née en 1848 ou qu'elle est coupée en deux par une voie de chemin de fer, avec d'un côté un quartier essentiellement à population blanche, et de l'autre, un quartier noir (où se trouvent les principaux juke-joints de la ville). 
Charlie Musselwhite, un des nombreux musiciens de la région

Non, parce que Clarksdale a été une véritable pépinière de musiciens ; c'est en effet la ville natale de Nate Dogg, Junior Parker, Bukka White, Son House, John Lee Hooker, Earl Hooker, Jackie Brenston, Ike Turner, Eddie Boyd, Sam Cooke, Willie Brown et Johnny B. Moore. Je ne les connais pas tous, ça me fera du boulot pour les longues soirées d'hiver à venir.
La ville est considérée comme une des villes clé du Delta blues. On y trouve le Delta Blues Museum. J'ai voulu y faire un tour. J'y ai vu des guitares, des costumes de scène, des photos, beaucoup de photos. Quelques interviews, une petite expo sur Charlie Musselwhite, mais rien qui aurait valu le détour, si ce n'est l'ambiance de la ville. J'ai quand même pris quelques photos à la sauvette.
Muddy Waters a vécu à Clarksdale jusqu'en 1943,
la maison de la famille Morganfield (son vrai nom) a été reconstruite,
à l'intérieur du musée
Ici je me suis sentie EN AMÉRIQUE, comme dans un film des frères Cohen, ou comme dans un film des années 30 ou 40. Plus vrai que vrai, avec du blues comme bande-son. J'étais transportée. Bon peut-être que la grippe que je couvais depuis quelques jours (merci les clims agressives) y était pour quelque chose, mais juge toi-même...


Le resto de Morgan Freeman
Gagnée par la nostalgie, j'ai failli oublier de te dire que c'est à Clarksdale, à l'intersection des routes 49 que Robert Johnson aurait vendu son âme au diable, d'où la chanson Crossroads.
Je ne sais pas si votre nouvel appartement sera déjà connecté à Internet, mais tu découvriras ce message tôt ou tard.

Avec toute mon amitié.
D.

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