Cher Robert,
Tiens, je me demande si tes potes t'appelaient Bob, Bobby ou Robbie. Je vais garder un peu de distance en ce qui me concerne, Robert Leroy.
Une BD sur ta vie: Love in vain, Mezzo et Jean-Michel Dupont |
Je te sens énervé. Depuis là-haut tu m'envoies des messages de mécontentement, des orages, des vents décoiffants, des ciels noirs, et un soleil brûlant. Je sais que tu t'impatientes, que tu penses que c'est par toi que j'aurais dû commencer. Déjà à Clarksdale, à la rigueur à Memphis... Toute cette attente t'insupporte, faire passer BB, Willie, Elvis, les gars de Stax, ceux de Sun et même cet autre Robert, ce gamin, avant toi, il y de quoi être fâché. Il y a quelque chose de pourri au royaume du blues...
Je voulais attendre Chicago, je devais attendre Chicago, c'est ton plus gros tube, zut, on n'aurait pas compris que j'en parle avant d'y arriver, déjà que tu dis :
But I'm cryin' baby
Honey don't you wanna go
Back to the land of California
To my sweet home Chicago
La terre promise, à ton époque, était la Californie. Mais ta terre promise à toi, petit gars de Hazelhurst MS, c'était Chicago.
La maison où tu es né |
Quand j'avais lu que tu avais été classé à la 5e place des meilleurs guitaristes de tous les temps, je n'avais pas bien compris, je dois te l'avouer. On m'a expliqué que ton jeu était riche et subtile et drôlement difficile à jouer. Greg Johnson à Ole Miss m'a dit qu'il était, lui aussi, parfois lassé par ton jeu et qu'il paraît que tu étais sur le point d'innover, de changer ton style, de le pousser plus loin. Mais tu es mort à 27 ans, le premier musicien d'une longue série qui perdure. Nous ne saurons donc jamais dans quelle direction tu aurais poussé ta musique.
Ce que l'on sait c'est que d'autres se sont appropriés tes morceaux, ont fait de tes diamants bruts des bijoux, des morceaux que je leur avais attribués à tort. Maintenant, j'ai fait mes devoirs, je connais mes classique, je sais que tu en es l'auteur, mille excuses, Mr Johnson.
Ce que l'on sait c'est que d'autres se sont appropriés tes morceaux, ont fait de tes diamants bruts des bijoux, des morceaux que je leur avais attribués à tort. Maintenant, j'ai fait mes devoirs, je connais mes classique, je sais que tu en es l'auteur, mille excuses, Mr Johnson.
Tu as bien su travailler ton image. Il y a ce pacte avec le diable. Un bluesman, Son House, t'avait demandé d'améliorer ton jeu de guitare; deux ans plus tard tu le revois, il est émerveillé, avoue même être dépassé. De ces progrès stupéfiants va naître la légende du pacte avec le diable, à une époque où le vaudou est encore très vivace dans la communauté noire du Mississippi. Tu en profites. Tu réunis quelques amis et leur raconte : un soir très sombre, dans les alentours de Clarksdale, tu t'es perdu à un carrefour. Comme tu t'endormais, une brise fraîche t'a réveillé. Au-dessus de toi une ombre immense avec un long chapeau. Sans un mot l'apparition s'est penchée, a pris ta guitare et a joué quelques notes divines avant de disparaître.
On ne sait pas de quoi tu es mort, whisky empoisonné par un mari jaloux ou syphilis ? Ta vie, ta mort ne sont que légendes... Il existe au moins 3 tombes à ton nom...No doctor...sur ton certificat de décès |
Voilà Robert, justice est rétablie, je l'espère. Je dois te laisser, un autre bluesman s'impatiente, un certain McKinley Morganfield, je vais lui faire sa fête sous peu.
D.
Robert Johnson Blues Foundation
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